Les pratiques de pleine conscience s’enracinent dans la tradition orientale du Dharma datant de 2 600 ans, et qui désigne la voie suivie par le Bouddha, pour la cessation de la souffrance ; des pratiques similaires se retrouvent dans d’autres traditions spirituelles.
Le premier a avoir diffusé le terme de pleine conscience est le moine bouddhiste Thich Nhat Hanh. Il a choisi le terme mindfulness et pleine conscience pour traduire le mot pali « sati » en sanscrit, « smriti ». Sati peut aussi vouloir dire « rétention », « récollection » ou « être alerte », c’est-à-dire une façon d’être dans la présence et l’accueil. Pour lui « la pleine conscience est la source la plus fiable de paix et de joie ». Avoir une conscience vigilante, c’est être pleinement présent, et non pas perdu dans des rêveries, des anticipations anxieuses, ou des regrets du passé.
Être pleinement conscient implique d’être pleinement attentif à ce qui est, sans constamment filtrer selon notre perception subjective et nos jugements de ce qui est désagréable ou agréable.
Jon Kabat-Zinn est un scientifique, un enseignant de méditation et un écrivain américain, auteur de nombreux ouvrages. Il a permis au monde occidental de découvrir cette manière de se rendre disponible à l’instant présent, en simplifiant et en laïcisant des pratiques de sagesse, issues notamment du bouddhisme.
Docteur en biologie moléculaire, professeur émérite à la faculté de médecine de l’université du Massachusetts, il a fondé la Clinique de Réduction du Stress au centre médical de l’université du Massachusetts. Elle est devenue le CFM, Center for Mindfulness in Medicine, Health Care and Society, dirigée aujourd’hui par Saki Santorelli.
La pleine conscience ou mindfulness est selon Jon Kabat-Zinn :
« Un état de conscience qui résulte du fait de porter son attention, intentionnellement, au moment présent, sans jugement de valeur sur l’expérience qui se déploie moment après moment. »
Ce scientifique, pratiquant la méditation et le yoga, a créé il y a une trentaine d’années un programme de huit semaines permettant de découvrir, d’expérimenter et d’acquérir des pratiques se révélant, au-delà d’une technique, une façon d’être et de se relier au monde et à l’expérience du moment. Ce programme est issu de la convergence de deux courants : celui des pratiques bouddhistes traditionnelles, et celui des connaissances issues de la médecine occidentale et de la pédagogie expérientielle. Le programme MBSR — Mindfulness-Based Stress Reduction (réduction du stress basée sur la pleine conscience) — s’adressait d’abord à des patients souffrant de douleurs chroniques, de stress lié à la maladie et aux traitements, afin de les aider à instaurer une relation nouvelle au stress et à la souffrance physique et psychique. Il a été suivi par plus de 17 000 personnes partout aux États-Unis et sur tous les continents ; plus de 5 000 médecins et de nombreux professionnels de santé s’y réfèrent aujourd’hui.
À l’issue du programme les patients voient leurs souffrances apaisées, leur stress réduit et ils retrouvent le goût de vivre. Jon Kabat-Zinn a été le premier à développer des protocoles d’études de ce programme et à en démontrer l’efficacité clinique sur la santé.
La découverte de la neuroplasticité permet de comprendre comment la façon dont est utilisé le cerveau modifie la façon dont il fonctionne, et comment la méditation agit dans des régions impliquées dans la régulation de l’attention, du stress, de la mémoire, des émotions, de la conscience de soi, d’empathie et l’altruisme. Au niveau psychologique, la méditation permet de reconnaître, d’identifier, de mettre à distance notre expérience, notamment, si elle est source de souffrance. Il y a une différence entre les faits, ce qui se passe et la façon dont notre esprit le commente, entraînant souvent une confusion entre la réalité et une interprétation de celle-ci issue de pensées réflexes et automatiques.
La pleine conscience nous permet de nous établir en nous-mêmes au contact de nos capacités naturelles et de nos ressources internes, avec un esprit calme et paisible, ce qui favorise une meilleure santé, l’accès à une dimension essentielle et l’émergence de qualités inhérentes de l’esprit comme l’altruisme, l’intuition, la créativité, la résilience. Dans ce processus se reconnecter aux sensations corporelles est très important. « C’est une voie de connaissance de soi qui ne passe pas par les mots » comme le souligne Christophe André dans Méditer jour après jour.
Jon Kabat-Zinn a ouvert la voie aux premières applications cliniques de la pleine conscience démontrant l’efficacité clinique de la pratique de la pleine conscience sur la santé.
Depuis les recherches scientifiques et les publications concernant la pleine conscience et la méditation ont augmenté de façon exponentielle. Ces dernières alimentent une réflexion sur une médecine participative où chacun est acteur de sa santé, et intégrative où la relation du corps et de l’esprit est prise en compte.
Des méta-analyses confirment les résultats suivants :
- diminution du stress et des états anxieux
- prévention de la rechute dépressive
- traitement et prévention des troubles du système immunitaire
- traitement et prévention des troubles du système cardio-vasculaire
- traitement de la douleur chronique
Grâce à d’autres précurseurs, la pleine conscience a été intégrée à différentes formes de psychothérapies et de pratiques de mieux-être. Le schéma suivant, proposé par l’Association pour le développement de la mindfulness qui promeut et diffuse auprès du public des actions concernant l’utilisation de la pleine conscience dans le mieux-être, donne une idée de cette évolution.
La pleine conscience est connue depuis longtemps dans les pays anglo-saxons et latins ; elle émerge depuis une quinzaine d’années dans les pays francophones où elle suscite aujourd’hui un intérêt croissant. Elle se développe aujourd’hui dans de nombreux secteurs de la société : l’éducation (Eline Snell), l’entreprise, la psychologie, le milieu carcéral, le milieu sportif.
En France, la traduction des livres de Jon Kabat-Zinn, Mark Williams, John Teasdale et Zindel V. Segall, ainsi que la parution de nombreux ouvrages (citons par exemple Jeanne Siaud-Facchin, Christophe André, Mathieu Ricard, Alexandre Jollien, Fabrice Midal), les découvertes de neurosciences sur la plasticité cérébrale et le fonctionnement du cerveau, les articles de presse et les reportages de plus en plus nombreux témoignent de l’intérêt croissant pour cette approche de réduction du stress, de la souffrance et de régulation émotionnelle.
On a demandé au Bouddha ce qu’il avait obtenu par la méditation. Il a répondu :
« Rien, cependant, laissez-moi vous parler de ce que j’ai perdu grâce à la méditation : la colère, l’anxiété, la dépression, l’insécurité, la peur de la vieillesse et de la mort. »